Travailler moins pour vivre plus !

PME Magazine - Juin 2017
Métro, boulot, dodo. Cette expression popularisée dans les années 50 est encore aujourd’hui une réalité pour la grande majorité des actifs. Pourtant, ceux-ci rêvent de mieux. Comme perfectionner leur talent musical, jouer avec leurs enfants, lancer un projet d’entreprise, ou tout simplement se reposer. Longtemps, il a été difficile de parler de ses aspirations profondes au sein de son entreprise, sous peine de passer pour un tire-au-flanc.

Dorénavant, les lignes changent. Petit à petit, des employeurs se sont mis à offrir davantage de souplesse à leurs collaborateurs, plutôt que de prendre le risque de les perdre. Ils inaugurent ainsi de nouveaux modes d’organisation pour coller aux désirs d’une génération de collaborateurs âgés de 20 à 45 ans, pour qui le travail n’est plus l’affaire d’une vie. Des revendications de bobos aux yeux des sceptiques. Les chiffres compilés dans une étude de l’Office fédéral de la statistique (OFS) les contredisent. À l’échelle européenne, la Suisse comptabilise ainsi le deuxième taux le plus élevé de temps partiel derrière les Pays-Bas. Il concerne un tiers des salariés – 57% des femmes et 13% des hommes.

Un dernier chiffre en nette augmentation, puisqu’un nombre croissant d’hommes adoptent le travail à temps partiel pour s’investir dans leur vie de famille ou des projets extraprofessionnels. La première étude OFS menée en 2011 soulignait ainsi que 90% des hommes souhaitent réduire leur temps de travail – généralement à 80%. Mais seul un sur sept y parvient. Faute de n’avoir pas assez insisté? Face à des employeurs fermés?

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Casse-tête pour les PME

Face à la pénurie de travailleurs qualifiés qui s’annonce, beaucoup d’entreprises sont prêtes à offrir davantage de souplesse aux collaborateurs juniors et seniors. Mais pour elles, le temps partiel constitue une contrainte organisationnelle. En particulier pour les PME. Permettre à ses employés de baisser leur temps de travail, ou flexibiliser leurs horaires est parfois un véritable casse-tête. Sans parler de l’agenda du chef d’entreprise, souvent bien chargé, qui peut mener au burn-out si l’équilibre n’est pas respecté. C’est pourquoi le bureau UND propose un accompagnement spécifique aux PME qui veulent aider leurs collaborateurs à mieux concilier vie privée et vie professionnelle. La structure, soutenue opère dans toute la Suisse. Si ses recommandations sont bien mises en place, elle remet à la PME le label «Famille & Profession».

José Caneda est le directeur général de Mazars, société spécialisée dans l’audit, l’expertise comptable, la fiscalité et le conseil aux entreprises. Un secteur d’activité plutôt conservateur sur les questions de flexibilité du temps de travail. En l’espace de dix ans, le jeune quadragénaire a «complètement changé de discours dans ce domaine. J’ai eu le déclic lorsque j’ai failli perdre des collaborateurs de valeur», reconnaît le patron. Sans calculs, ni «réflexion stratégique», Mazars a décidé de s’assouplir. «Nous évoluons dans un métier très exigeant. Le défi est de réussir à marier la pression et l’ouverture en prenant soin de nos collaborateurs, notre principal actif. Chaque individu a des aspirations différentes. Si vous adaptez un minimum leur temps de travail, ils vous le rendent bien.»

Et cela est en phase avec «les valeurs du groupe Mazars», souligne José Caneda, qui cite les jeunes employés qui veulent prendre un «break» de six mois, puis revenir. Mais aussi les jeunes parents souhaitant un temps partiel, ou le développement d’une portion de télétravail, «le home office» ainsi que l’emploi de seniors. Mazars vient d’ailleurs de recruter deux collaborateurs de 57 ans et 61 ans, respectivement. «Cela nous pénalise plus de perdre des employés motivés que de s’adapter aux nouvelles réalités.»

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