Le changement climatique pris en compte par la supervision

L'Agefi - 16 mars 2020
Mazars et l’OMFIF (The Official Monetary and Financial Institutions Forum) ont uni leurs forces le temps d’une enquête sur le rôle des régulateurs et superviseurs bancaires dans la prise en compte du changement climatique. Cette enquête dont les résultats sont parus le 19 février 2020 a été menée auprès des banques centrales et des superviseurs, membres du NGFS (Network For Greening the Financial System), qui, jusqu’ici, s’étaient peu exprimés sur leur position vis-à-vis du risque climatique. Il ressort de cette enquête que 70% des répondants considèrent le changement climatique comme une menace majeure pour la stabilité financière, rappelant les propos de Mark Carney, Gouverneur de la Banque d’Angleterre, en 2015.

En effet, seuls 15% des répondants considèrent le risque climatique dans les exercices de tests de résistance et seuls 13% sont favorables à la mise en œuvre d’un « green supporting factor » pour inciter les banques à financer des projets à dimension verte. Ces résultats sont à l’image des débats sur la révision du paquet bancaire européen. Les autorités de tutelle n’étaient pas favorables à des mesures d’incitation, considérant qu’il n’était pas prouvé que les actifs verts étaient moins risqués que les autres actifs. Quant aux tests de résistance climatiques, même si 79 % des répondants affirment avoir l’intention de le faire à l’avenir, la difficulté réside dans leur modélisation. Il s’agirait d’être en mesure de trouver des critères fiables et sur un horizon de temps compris entre 30 et 50 ans. Qui serait capable de garantir la fiabilité de telles simulations ? 

Rôle grandissant des agences de notation spécialisées

 La qualité des données et leur disponibilité sont jugées clé par 84% des répondants. Actuellement, on constate une évolution positive dans la prise en compte des critères ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance) dans la notation des investissements mais l’absence de standards nationaux, voire internationaux rend la tâche encore ardue. La preuve en est : le facteur de corrélation entre les notations décernées par ces agences spécialisées est de 0,61 (contre 0,99 pour les notations « classiques »), démontrant qu’il n’y a pas consensus sur la manière de mesurer la durabilité. 

Des progrès visibles dans deux domaines : la transparence et la standardisation

La transparence est nécessaire pour tenter d’endiguer le greenwashing. La mise en place de la Task Force on Climate Related Financial Disclosures (TCFD) et la révision en cours de la Directive Européenne sur le reporting extra-financier sont des initiatives qui vont dans le bon sens. Néanmoins, l’enquête révèle que plus de 60% des membres du NGFS ne souhaitent pas rendre ces reportings obligatoires. Quant à la standardisation, elle est un mal nécessaire pour assurer une équité entre les différentes places financières internationales. La Commission européenne travaille toujours sur la définition de la taxonomie verte car certaines activités sujettes à polémique comme le nucléaire ne sont pas encore traitées. 

Des avancées prometteuses, donc, mais la route vers une économie verte est encore longue…

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